... à propos d'une histoire typique chez une femme de 61 ans
... d'une forme évoluée chez une jeune femme
... d'une forme compliquée de griffe d'orteil et d'arthrose
... d'une forme "historique"
... eh oui, chez l'homme aussi !
Cette patiente de 61 ans, retraitée depuis peu, présente un hallux valgus modéré, qui la gêne pour se chausser.
Elle a mal tout le temps, même si ce n'est pas intolérable. En dehors de ce problème, elle est en forme et voudrait bien profiter de sa retraite.
Sa mère et sa tante ont eu la même déformation, très évoluée maintenant . Elle-même a porté des talons hauts quand elle était plus jeune.
Le hallux valgus ("oignon") n'est pas seulement une bosse. C'est une déviation des os du gros orteil, comme le montre la radio. Ici, il n'y a pas encore de complication grave au niveau de l'avant-pied ou des orteils.
La "bosse" est là depuis longtemps, mais ne la gênait pas trop. Depuis 3 mois, elle commence à avoir mal sous la base du 2ème orteil, à la jointure. C'est un signe d'alerte. Elle s'inquiète, à juste titre, et vient se renseigner sur une opération.
La chirurgie devient justifiée à ce stade.
Il s'agit de redresser ces os déviés, par des ostéotomies (on coupe l'os, puis on le décale et enfin on le fixe). Quand le contrôle radio est correct, on remplace les broches métalliques par des broches résorbables ou des vis. L'ostéotomie actuelle est dite "en chevron".
Ces broches vont disparaitre en 18 mois, il n'y a pas besoin de les retirer. Elles sont constituées du même matériau que les fils de suture utilisés depuis 30 ans.
Voici la radio en fin d'intervention. Les broches sont transparentes aux rayons, on ne les voit pas. On peut aussi utiliser des vis qui ne devront être enlevées que dans de rares cas.
Le métatarsien (en haut) et la phalange (en bas) ont été redressés.
La cicatrice principale fait 3 à 4 cm. C'est beaucoup plus petit que la chirurgie "classique". On parle de chirurgie "mini-invasive".
Cette cicatrice s'estompe beaucoup avec le temps.
Voici son aspect à 4 mois. Cela dépend un peu du type de peau.
L'opération a été réalisée sous anesthésie de la jambe, qui a été prolongée 2 jours. Le 3ème jour, elle est sortie en marchant, sans cannes mais avec une chaussure spéciale. L'autre pied a été opéré une semaine plus tard. Actuellement, le séjour est plus court, souvent même ambulatoire.
Pendant 5 semaines, elle n'a pas été autorisée à conduire, mais elle a pu tenir sa maison. Les douleurs sont restées, dit-elle, "très tolérables".
Progressivement, elle a repris ses activités. Pour la randonnée longue (15 km et plus), elle a dû attendre 6 mois.
A 1 an, elle est contente du résultat. Elle a repris une vie normale, elle ne souffre plus. Elle se chausse raisonnablement dans la journée, mais se permet des fantaisies pour sortir...
------------------------------------Cette jeune femme de 22 ans,
serveuse dans un restaurant, a vu cette déformation du pied apparaitre à l'adolescence. Elle s'est aggravée progressivement.
Il y a eu une poussée évolutive et la dernière saison touristique a été très difficile : elle ne peut rester debout plus de 2 heures.
C'est un hallux valgus de type congénital, avec un défaut d'orientation de la surface articulaire qui est "de biais". On peut l'observer chez de très jeunes filles (12 ans).
Faute de traitement, l'aggravation est rapide avec des complications. Ici, le deuxième orteil n'a déjà plus sa place.
L'intervention suit les même principes. Il faut en outre allonger les tendons extenseurs obliques (pédieux), par des mini-incisions, pour permettre aux petits orteils de reprendre leur place.
Cette patiente a repris son travail 2 mois et demi après l'opération.
Ici, la cicatrice est encore un peu rouge à ce stade. Il faudra la protéger du soleil l'été prochain.
--------------------------------Chez cette autre patiente de 65 ans,
la déformation s'est compliquée d'arthrose. Les sésamoïdes, petits os ronds placés sous le gros orteil, ont perdu leur cartilage.
Les douleurs à ce niveau sont très vives, surtout vers l'intérieur du pied.
Au traitement classique, il a fallu ajouter l'ablation du sésamoïde interne. Les suites opératoires n'ont pas été différentes.
Cependant, la perte de cette petite cale que représente le sésamoïde risque de déstabiliser le pied, et il vaut mieux prévoir une semelle orthopédique, au moins dans la journée.
La radio post-opératoire ne montre plus qu'un seul sésamoïde (la petite tache ronde sous le gros orteil).
Le résultat clinique est bon. Les douleurs ont presque complètement disparu.
-------------------------------On voit encore parfois des formes "historiques",
chez des personnes qui n'ont pas eu le temps de se soigner, ou que la peur d'avoir mal a poussées à attendre la dernière extrémité.
Cette patiente de 72 ans a bien sûr un peu de difficultés à se chausser...
La gêne est considérable. Ici, l'opération nécessite plusieurs allongements tendineux, et un petit raccourcissement du métatarsien.
Les parties "molles" sont tellement rétractées qu'on est obligé de tricher un peu sur la longueur osseuse, pour éviter des problèmes de cicatrisation.
Le résultat n'est pas parfait, la phalange tourne encore un peu, mais c'est mieux...
Dans ces formes très évoluées, on note souvent des anomalies de l'arrière ou du milieu du pied, qui peuvent demander un traitement spécifique (arthrodèse, ostéotomies...)
-------------------------------Chez l'homme,
Le hallux valgus est plus rare (10% des cas) et presque toujours congénital. La gêne apparait moins vite, du fait du chaussage moins contraignant.
Ce patient de 40 ans est ébéniste. Les douleurs deviennent incompatibles avec son métier.
Sur la radio, on voit une fracture de fatigue de la base du 5ème métatarsien, probablement parcequ'il se tient sur le bord externe du pied pour soulager le gros orteil.
L'opération a visé à corriger l'orientation de la surface articulaire. La radio montre une consolidation en cours.
Il ne faut pas être surpris par l'aspect irrégulier, ni par le décalage osseux qui peut être encore plus important.
Cette photo est prise 2 mois après l'opération.
Le pied est encore un peu enflé. Ce patient est artisan à son compte, il a repris le travail progressivement mais un peu tôt (6 semaines).